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Le Ministère Provinciale de la Santé du Nord-Kivu a organisé avec l’appui de UNFPA une formation sur le dispositif minimum d’urgence (DMU) en santé sexuelle et reproductive. Cette formation de cinq jours s’est tenue à Kiwanja en territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Elle entre dans l’optique de renforcer les capacités des professionnels de santé de manière systématique et durable.

 

Du 05 au 09 septembre 2022, les prestataires, sages-femmes et membres de l'équipe cadre des Zones de santé de Rwanguba et de Rutshuru ont été formés sur  la préparation et la mise en œuvre du DMU en santé sexuelle et reproductive durant cette période de la crise humanitaire.

 

Pour UNFPA, l’objectif majeur est d’avoir des points focaux en DMU en vue de faire face aux conséquences liées à la crise humanitaire notamment la surmortalité et la surmorbidité maternelle et néonatale, les violences sexuelles et celles basées sur le genre, les complications liées au traumatisme, infections sexuellement transmissibles (lST) et propagation éventuelle du VIH/SIDA, ainsi que les grossesses non désirées (qui exposent aux avortement clandistins, et autres complications et éventuellement des décès maternels, etc.).


Les participants à la formation DMU à Kiwanja

Cette formation fait suite à une série des plusieurs autres destinées au renforcement des capacités des prestataires des soins, relais communautaires et assistants psychosociaux dans le cadre de la réponse d’urgence aux soins de santé sexuelle et reproductive, et aux conséquences de violences basées sur le genre (notamment les violences sexuelles) des populations déplacées, retournées et communautés locales de la zone de santé de Rutshuru et de Rwanguba. Ces activités interviennent dans un contexte de crise humanitaire causée par des affrontements armés entre le M23 et les FARDC déclenchés depuis le mois de mars 2022 et qui continuent à pousser une grande partie de la population civile à se déplacer vers d’autres groupements sécurisés, voire même traverser les frontières pour trouver refuge dans les pays limitrophes. OCHA estime à plus de 170 000 personnes déplacées affectées par cette crise de M23 dans le territoire de Rutshuru et Nyiragongo selon les statistiques d’août 2022.

 

Selon le Dr Patrick Libonga, Chargé de programme humanitaire en santé de la reproduction et planification familiale à UNFPA,

les stratégies efficaces dans une situation de crise humanitaire nécessitent des ressources humaines qualifiées, prêtes à répondre à une urgence ».

Il a noté que dans la plupart des cas, la réponse initiale commence au niveau de la communauté affectée par la crise; Et les infirmiers titulaires, les sages-femmes ainsi que toute l’équipe cadre des Zones de Santé sont souvent les travailleurs de première ligne qui fournissent les soins de santé sexuelle et reproductive. « Il est essentiel de disposer d’un groupe de Points focaux DMU formés pour répondre rapidement aux besoins en matière de santé sexuelle et reproductive dans cette situation d’urgence liées à la crise de Rutshuru ».

 

Pour sa part, le coordonnateur du Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) Nord-Kivu, Dr John MUZIGE, a indiqué par ailleurs que

l'impact d'une intervention sanitaire en situation de crise humanitaire, c’est ce qui se fait dans les premiers jours qui précèdent une crise ». avant d’ajouter « Nous espérons que le paquet qu’ils ont reçu, leur permettra d’intervenir en urgence pour sauver des vies avant qu’on attende un appui venant de l'extérieur ».


Le Coordonnateur du PNSR Nord-Kivu, Dr John MUZIGE, facilitateur de la formation DMU

Pour lier la théorie à la pratique, cette session de formation s'est appuyée sur des méthodes de pédagogie active au travers des exposés, des travaux en groupes, des restitutions en plénières, des démonstrations, des discussions et des jeux de rôles.

 

 Ils ont dit :

 

Au sortir de cette formation de 5 jours, les participants se sont dit satisfaits et prêts à mettre en pratique les notions apprises pour faire face à la crise de Rutshuru.

 

Jean de Dieu Bakuru, Infirmier Titulaire au Centre de Santé de Rutshuru

Cette formation va nous permettre d'accélérer le rythme de prise en charge des malades dans nos structures qui accueillent actuellement le triple des malades que ceux enregistrés avant la crise. Je me sens vraiment satisfait et très prêt  ».

 

Dr Christian Bitwayiki,  médecin chef de zone de santé de Rutshuru, 

Je salue  l’appui de UNFPA dans l’amélioration de la qualité de soins des femmes vulnérables et déplacées de guerre surtout en santé sexuelle et reproductive en cette période de crise humanitaire », avant de souligner quelques défis majeurs auxquels  sa zone de santé est confrontée. Il s’agit entre autres de l’inaccessibilité des certaines populations bénéficiaires aux structures de soins et la non prise en compte du centre de santé de Kibututu dans la mise en œuvre des activités du plan de réponses. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a enregistré à ces jours plus de 15 453 personnes rapatriées de l’Ouganda et qui sont installées dans le site de déplacés interne de Rwasa II dans l’aire de santé de Kibututu.


Photo de famille des participants à la formation DMU à Kiwanja

La province du Nord Kivu est depuis trois décennies le théâtre des conflits armés meurtriers auxquels s’ajoutent les catastrophes naturelles et des épidémies. La crise humanitaire liée aux combats entre les M23 et les FARDC a entraîné plusieurs mouvements de populations avec de graves conséquences chez les femmes vulnérables en déplacement, plus particulièrement les femmes enceintes. Environ 1.798 femmes enceintes en besoin de soins pendant la grossesse et l’accouchement, parmi lesquelles 270 femmes en besoin de services liés aux complications de la grossesse ; y compris les cas nécessitant une césarienne étaient enregistrées.

 

En juin 2022, la Coordination opérationnelle humanitaire provinciale (COHP) Nord-Kivu a ciblé 4 780 personnes en besoin d’assistance pour un budget global de 1 095 720 dollars américains avec un gap d’environ 547 610 dollars uniquement dans le secteur de la santé, rappelle-t-on.