L’avenue libération au quartier mambenga au centre-ville de Mbandaka est une des avenues fréquentées. Elle mène à la mairie où le samedi est animé en raison de l’ambiance créée par des familiers venus assister à l’union civile de leur proche. Opportunité pour des vendeurs ambulants et autres étalages placés le long de l’avenue de faire tourner leurs petites économies. Au fond, à une bonne centaine des mètres, un petit étalage des tissus attire quelques passants qui marchandent. Il s’agit des draps de lit, rideaux et autres tissus dont l’odeur et le style de l’étalage renvoie à la friperie.
Cécile Bapene est la dame qui tient l’étalage. La cinquantaine, d’un teint clair marqué par le soleil matinal, elle déballe son sac en appelant les passants à venir admirer ‘’ sa nouvelle acquisition’, pour parler de son nouveau sac des tissus fripés qu’elle vient d’ouvrir. Une de ses filles sort de leur petite maison située aux abords de la route pour venir l’assister à arranger la ‘’marchandise’’ sur l’étalage.
Tout sourire, elle discute en ventant ses tissus à des curieux qui se rapprochent. Deux premières clientes ont conclu le marchandage et emballent chacun un drap de lit négocié à 10 mille francs congolais. Cécile range ses billets dans son petit sac suspendu à son cou tout en nous expliquant :
Je suis contente car c’est à moi tout ça. C’était inimaginable il y a quelques mois. Auparavant je travaillais pour d’autres vendeurs de friperie. Je faisais le rodage à leur place en marchant entre les avenues, le soir j’allais remettre l’argent vendu et en retour on me payait une petite somme selon la vente. C’était dur car le jour il n’y avait pas de ventre, nous n’avions rien à manger aussi les enfants n’allaient pas non plus à l’école ».
Cécile est de la communauté des peuples autochtones, elle comme d’autres femmes de sa communauté, ont bénéficié d’un appui financier de la Banque Mondiale dans le cadre du projet prévention et réponse à l’exploitation, abus et harcèlement sexuels mis en œuvre par UNFPA en partenariat avec l’UG-PDSS sous financement de la Banque Mondiale dans le cadre de la couverture santé universelle (CSU).
Autonomiser pour prévenir l’exploitation et abus sexuel
Le non-accès aux ressources économiques expose les femmes et les filles aux risques d’exploitation, abus sexuels ainsi qu’à d’autres formes des violences basées sur le genre. Ces risques sont encore plus élevés pour des femmes issues des communautés autochtones, qui n’ont pas accès à une éducation équitable. Ces risques constituent un problème de santé publique car ils peuvent entrainer la violence, les grossesses non désirées, ainsi que le VIH.
Zéro violence basée sur le genre, est un des résultats transformateurs de UNFPA. Nous accompagnons ces femmes autochtones parce qu’au départ elles sont marginalisées comme tel, ce qui augmente davantage leur vulnérabilité. En leur donnant un accès aux ressources économiques, elles deviennent indépendantes financièrement, elles peuvent donc décider de leur sexualité et ainsi être l’abris d’exploitations sexuelles » fait remarquer Ghislaine Bujimbi, Analyste Genre au sous-bureau de UNFPA Mbandaka.
Des vies transformées, des familles épanouies !
L’encadrement des femmes autochtones de Mbandaka a réussi grâce au partenariat avec l’ONG locale, Actions de Mamans pour l’Epanouissement de la Famille, en sigle AMEF. Ruth Bengo est la coordonnatrice nationale et se félicite des résultats de cette première initiative
Nous avons sélectionnées une centaine de ces femmes autochtones qui se sont affiliées à notre association. Avant qu’elles puissent accéder aux fonds nous avons commencé par une formation et accompagnement sur le choix et gestion d’une activité génératrice de revenue, comment épargner et enfin comment utiliser les bénéfices. Aujourd’hui, on est content que toutes ces femmes ont une nouvelle vie » explique Ruth.
Carine Liloba est une autre bénéficiaire comblée, qui a opté pour la vente des produits divers étalés devant sa maison « Depuis que j’ai eu cet appui, tout a changé dans ma vie. Cette activité a renforcé l’harmonie dans mon couple. C’est grâce à ce financement que je scolarise mon enfant qui est maintenant en 2ème maternelle ».
Bona Yale est le deuxième enfant et premier garçon de Cécile Bapene, actuellement en 7ème, il a vu sa mère changer leur vie :
Nous sommes venus du village Yembe Moke avec notre mère pour chercher une vie meilleure ici. Au début c’était difficile pour vivre. Depuis que maman a eu accès à ces fonds tout a changé. Nous avons pu acheter des objets classiques et payer quelques frais scolaires grâce à son commerce. »
L’Ong AMEF reconnait que les besoins concernant les femmes autochtones sont énormes dans la province de l’Equateur et espère un autre accompagnement de UNFPA et de la Banque Mondiale afin de ne laisser personne de côté.