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Près de deux ans depuis la première fois que UNFPA et la Suède ont suggéré à l'équipe humanitaire d'appuyer la nationalisation de l'Appel à l'action pour se protéger contre les VBG en cas d'urgence, en République démocratique du Congo (RDC). On pouvait sentir l’enthousiasme de participer au lancement de « l’appel à l’action pour mettre fin à la violence basée sur le genre », le 5 mars 2019 à Kinshasa. La salle était remplie de personnalités de haut niveau : le ministre du Genre, Enfant et Famille ainsi que l'ancienne représentante personnel du chef d'État chargée des violences sexuelles, les directeurs de départements des ministères de la Santé et de la Justice, les responsables de l'armée, les ambassadeurs, les consuls et les chefs des coopérations bilatérales telles que la Norvège et la Suède, ONU-Femmes, les chefs d'agences du PNUD et du HCDH, de grandes ONG nationales et internationales telles que Médecins du monde, Save the Children, le Comité national Femmes et Développement, Afia Mama et bien d'autres personnalités représentant les différents acteurs de la lutte contre la violence sexiste en RDC.

L'appel à l'action est une initiative mondiale initiée par le Royaume-Uni et la Suède en 2013 dans le but de rassembler les acteurs du monde humanitaire pour transformer la manière dont la violence basée sur le genre est traitée et évitée à chaque étape d'une crise.  Au cours des dernières années, beaucoup d'efforts ont été déployés pour lancer l'appel à l'action sur le terrain, en s'assurant que les acteurs locaux étaient présents et que le changement se produisait réellement pour les femmes et les filles du monde entier. En RDC, cette initiative a fait écho au travail incroyable déjà accompli depuis des années pour prévenir et combattre la violence sexiste. Tout naturellement, le ministère du genre a décidé de l'intégrer dans sa stratégie nationale de lutte contre la violence sexuelle. Naturellement aussi, 71 acteurs ont signé et rejoint l’initiative depuis le processus de « conception nationale » d’une durée de deux ans, sous la direction de trois donateurs, le secrétariat du sous-groupe GBV, et un plaidoyer mené par UNFPA.

Une feuille de route a été rédigée lors des ateliers organisés à Kinshasa et dans les principaux pôles humanitaires, en consultation avec des acteurs nationaux et internationaux des violences sexuelles opérationnels dans sept provinces ainsi qu'avec les donateurs. Ces acteurs se sont engagés dans des actions concrètes en faveur des femmes et des filles en situation de crise humanitaire, en s'assurant qu'un lien pour le développement, « Nexus », existe grâce à ces actions.

Le lancement de la feuille de route s’est déroulé à Kinshasa le 5 mars et a connu deux sessions. Sous la modération de la Coordonnatrice du sous-groupe GBV, Noemie Dalmonte, la première session a été une présentation de l'appel à l’action et de l'engagement des partenaires, suivie d'une discussion en groupe sur la manière de surmonter les principaux défis d'une réponse globale. En tant que tel, le débat était passionné sur les changements de comportement, notamment la mobilisation des hommes, la lutte contre l'impunité des auteurs de violences sexuelles, les mythologies de la mobilisation des communautés, les besoins en intégration des services et la portée des victimes, le besoin d’une crise anticipée pour faire face aux traumatismes, les priorités des réformes juridiques et institutionnelles visant à protéger les femmes et les filles de la violence sexuelle. Les difficultés et la voie à suivre pour traiter le fait que de nombreux hommes et garçons congolais sont également des survivants de la violence ont également été abordés.

La deuxième partie de l'événement a été le lancement de l'appel à l'action, qui a été lancé par la ministre du Genre, Enfant et Famille, appuyée par le représentant de UNFPA, le chef du bureau d'ECHO et l'ambassadeur du Canada. Cette initiative dirigée par ECHO au cours des deux dernières années a été transférée au Canada pour les deux prochaines années. En effectuant ce transfert le jour même du lancement, Thomas Dehermann-Roy, chef du bureau d’ECHO en RDC, a rappelé le soutien apporté par l’Union européenne au processus et a encouragé les acteurs à se joindre à l’initiative, tandis que le Canada a accepté de conduire le flambeau, car ce leadership qui s'aligne sur leurs priorités de politique étrangère féministe. Pour Dr Sennen Hounton, représentant UNFPA, la RDC est le contexte idéal pour la nationalisation de l'appel à l'action, car de nombreuses bonnes pratiques peuvent être collectivement développées et utilisées pour éclairer le contexte des autres. Pour Jeanne Nzuzi du CONAFED, une l’organisation nationale dirigée, il est essentiel de s’orienter vers certaines réformes législatives. Déclarant le lancement, la ministre du Genre, Chantal Safu Lopusa, a invité tous les acteurs à la prochaine étape : la mise en œuvre des engagements et son suivi et évaluation pour une action efficace.

Selon Jeanine Mabunda, ancienne représentante personnelle du chef de l'Etat sur les violences sexuelles liées aux conflits, « La feuille de route nationale qui vient d'être publiée confirmait l'engagement de toute une nation, de ses institutions et de ses trois pouvoirs : la justice, l'exécutif et le législatif ainsi que sa société civile."

Dans un pays où l'on estime qu'une femme sur quatre au moins a été victime de violences sexuelles à un moment de sa vie et où 43% des filles se marient avant l'âge de 18 ans, il reste encore beaucoup de travail à faire pour parvenir à zéro VBG à l'horizon 2030.